Un Design System est une bibliothèque de guides et références au service de la construction de standards d’expérience utilisateur de produits d’une marque. Il est propre à chaque marque et permet de garder une cohérence à travers les supports qu’elle développe. C’est une référence essentielle pour les parties prenantes d’un projet ou les membres chargés du développement d’un produit.
Constitué d’éléments qui se répondent les uns aux autres, le Design System doit être pensé comme un ensemble cohérent. Selon la méthode de l’atomic design théorisée par Brad Frost en 2015, les caractéristiques (forme, couleurs, typographie…) d’un premier élément (une “molécule”) définissent un style (l'”atome”) déclinable pour créer l’ensemble des composants. C’est en imbriquant ces composants que l’on peut créer des templates complexes (formulaires, menus…), jusqu’à la création complète d’une maquette.
S’il n’y a donc pas de règles précises à suivre pour la création d’un Design System, quelques étapes clés se dessinent :
- Déterminer les enjeux et objectifs liés à la conception du Design System ;
- Faire l’audit de l’existant (s’il y a un existant) ;
- Concevoir le Style Guide : principes visuels de typographie, palettes des couleurs et règles associées, grilles de structuration des éléments ;
- Définir les principes de communication de la marque, soit la charte éditoriale (langage, ton…) ;
- Prioriser puis créer les composants de l’interface ;
- Assurer la maintenabilité du Design System.
Se posent alors les questions : comment créer un bon Design System ? Quels en sont les avantages ? Comment le maintenir à travers le temps ?
Faire l’audit de l’existant (facultatif)
Lorsqu’une marque est bien implantée, son identité visuelle est souvent déjà existante. Il est alors nécessaire de faire l’inventaire de l’existant : si elle dispose d’une charte graphique – plus techniquement, d’un Style Guide –, quels sont les codes graphiques, les logos, les guidelines qui y sont inclus ? S’il n’y en a pas, quels sont les composants existants de l’identité visuelle de la marque ?
C’est en dressant cet inventaire qu’il est possible de déceler les incohérences et les manquements dans l’expérience utilisateur : par exemple des boutons d’actions, des styles de titres démultipliés ou des ombres qui ne seraient pas similaires. À partir de ce constat, il est possible de proposer des axes d’amélioration qui seront la base du Design System.
La définition des rôles et process
Si elle fait gagner du temps sur les projets développés par la suite, la création d’un Design System prend du temps et de la réflexion, en amont puis en production. Pour faciliter les nombreux échanges entre les parties prenantes, il est nécessaire de définir clairement les process et les rôles de chacun·e – cela favorisera la création d’un Design System pertinent et cohérent et donc, les interactions futures liées à la création d’une interface.
D’abord, en créant une nomenclature commune. Y a-t-il déjà un langage partagé et quelles en sont les définitions actuelles ? Varient-elles d’une BU à une autre ? Établir un langage commun facilitera la création des interfaces et évitera des potentielles confusions ou malentendus, les équipes étant mieux alignées. Il peut être nécessaire de définir des fondamentaux communs (par exemple, un banner = une bannière), puis de simplifier certains termes s’il y a lieu.
Par exemple : m-banner-hover
> M pour molécule (atome > molécule > organisme) ;
> Banner pour bannière, soit le type d’élément ;
> Hover pour l’état ou la variation de l’élément.
Cet exemple va faciliter le dialogue entre les designers et les développeurs, accélérant ainsi leur temps d’exécution. Ce gain de temps leur permet à terme d’affiner des détails poussés comme les micro-interactions. Enfin, une nomenclature commune permettra de vite identifier l’élément autant dans la maquette que dans le code source.
Concevoir le Style Guide
Avant tout, un Design System doit être composé d’un guide de style (Style Guide). Celui-ci se rapproche de la charte graphique d’un produit.
Le guide de style va permettre de recenser ce qu’on appelle les “perceptual patterns” qui font référence aux éléments suivants : couleurs, typographies, espaces, formes, icônes, illustrations, photographies, animations, sons.
Ces éléments vont être utilisés comme atomes dans la conception globale des composants.
Définir les principes de communication de la marque
La charte éditoriale est une composante clé du Design System. C’est le travail de l’UX Writer : en travaillant les éléments de langage (ton, mots-clés, informations…) en accord avec l’image de la marque, il·elle harmonise les principes de communication pour accompagner au mieux les utilisateur·rice·s tout au long de leur parcours. Par exemple : pour une interface médicale, il est préférable d’utiliser des mots simples à un vocabulaire scientifique – c’est ce que préconise Oxygen, le Design System de Doctolib.
Nous ne vous en disons pas plus, car vous pouvez retrouver notre article détaillé sur l’UX Writing ici !
Prioriser puis créer les composants
Quels sont les composants (header, bouton, card…) les plus fréquents dans l’interface développée ? Lesquels sont les plus utilisés ? Ce sont eux qu’il faudra développer en premier. Ensuite, il faudra se demander : quels sont les composants propres à l’entreprise ? Comment développer des micro-interactions cohérentes ?
Le milieu de l’UX étant en constante évolution, et les nouvelles tendances étant nombreuses, un Design System doit être holistique. Les composants doivent donc être adaptables et affichables sur différents devices – d’autant plus que ceux-ci sont de plus en plus variés et nombreux -, tout en conservant leurs caractéristiques et fonctionnalités. Ils doivent également s’articuler facilement entre eux. Le but ? Délivrer une expérience homogène mais unique sur chaque support. Pensé ainsi, le DS pourra répondre à un maximum d’usages, de besoins et de contraintes futurs. Lorsque les micro-interactions sont alignées, l’expérience utilisateur est cohérente, simple et facile – impactant à terme l’image d’une marque de manière positive.
Assurer la maintenabilité du Design System
Pour maintenir un Design System dans le temps, les parties prenantes de l’entreprise doivent être impliquées en étant au fait de la nomenclature choisie et des règles établies.
Montrer rapidement les résultats de ce qui a été conçu permet d’engager les équipes à travers des KPIs préalablement définis : a-t-on gagné en temps de production lorsque l’on sort un nouveau produit ? Le taux de rebond a-t-il diminué ?
Conclusion
Si le Design System a été conceptualisé il y a plus d’une dizaine d’années, il est de plus en plus intégré dans les projets. Ses bénéfices sont multiples, mais l’on peut toutefois retenir 3 points : une simplification de la relation designers/développeur·euse·s, un gain dans la rapidité d’exécution et donc, une constance dans l’expérience utilisateur qui sera plus détaillée et cohérente, comme la marque qu’elle représente.
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Rédigé par Yasmine Morsi, Consultante Confirmée Factory