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Sur les trois dernières années, l’inquiétude ou la défiance des Français vis-àvis de l’IA semble croissante. Et pourtant dans ce laps de temps, que s’est-il passé ? L’impact de l’IA sur la destruction d’emploi n’est pas une réalité, au contraire.

 

L’IA, soutenue à l’échelle mondiale par de forts investissements de recherche, est plutôt génératrice d’opportunités pour les ingénieurs bien sûr, mais également pour la plupart des entreprises qui y voient un moyen efficace de rendre plus performante leur offre de service ou d’en créer de nouveaux.

 

Cependant, la forte communication dans les médias, l’arrivée d’innovations « grand public » dans lesquelles la machine remplace l’humain (voiture autonome, diagnostics, détection de fraude, surveillance des cultures par drone…) renforcent ce sentiment de vulnérabilité.

 

En effet, les progrès de la technologie, sa démocratisation et ses coûts mesurés participent à un essor rapide qui dépasse les simples recommandations marketing initiales, et permet à l’IA d’intégrer un nouveau terrain de jeu : les fonctions internes de l’entreprise.

 

Bien que le sondage indique que les Français croient peu à l’influence de l’IA sur la collaboration ou le recrutement, c’est pourtant bien là que la transformation la plus rapide pourrait s’opérer (et toucher le quotidien des employés).

 

Sans que l’on soit forcément au courant, une multitude de micro-services basés sur de l’IA sont ou seront à très court terme intégrés dans les fonctions régaliennes (prévisions financières, budget, supply chain, recrutement, constitution d’équipes « compatibles », gestion de carrière, aide à la vente, suivi d’agendas, automatisation de tâches administratives, octroi de crédits….). Dès lors, la véritable question qui se pose n’est plus de savoir quelle place donner à l’IA, mais quelle complémentarité octroyer à l’humain et surtout, comment intégrer des garde-fous permettant d’avoir confiance en l’IA …. au quotidien.

 

Découvrez l’analyse complète au travers de notre étude réalisée conjointement avec Odoxa Sondages.

Vous pouvez aussi revoir l’émission sur BFM Business en replay.


Dans cet article on parlera de chatbots, de natural language processing (NLP), d’intelligence artificielle et de gestion de la connaissance.

 

Le 12 avril 2016, David Marcus, chef de produit chez Facebook annonçait via un communiqué de presse que Messenger ouvrait ses API Send/Receive aux chatbots. S’en est suivi une vague d’intérêt sans précédent autour de ces agents conversationnels : de 100 000 bots développés sur la plateforme de Marc Zuckerberg l’année dernière, Messenger est passé à plus de 300 000 en mai 2018. Mais si l’apparition des bots sur Messenger marque une démocratisation de l’utilisation de ces programmes, ces derniers existent déjà avec succès depuis plusieurs années sur des applications de chat comme WeChat en Chine.

Au moment où beaucoup semblent convaincus que les Chatbots sont là pour durer, voire même pour remplacer des applications et les sites qui existent aujourd’hui, il est temps pour nous de vous parler des 5 contre-vérités que nous avons pu constater sur ces petites machines.

 

 

1. « Les chatbots fonctionnent grâce à l’intelligence artificielle »

Ce n’est pas faux, mais c’est un raccourci. Même si la dernière démonstration de google Dupleix est assez bluffante, les solutions de chatbots disponibles sur le marché pour les entreprises sont encore loin des prouesses présentées lors du Google I/0. En attendant que ces innovations soient accessibles à tous, intéressons-nous à l’intelligence des bots actuels :

Leur intelligence se décompose en 2 parties :

  • Le NLU : Natural Language Understanding, qui représente la capacité de la machine à comprendre ce que l’utilisateur écrit ou dit en transformant des données non-structurées en une forme structurée qu’elle peut comprendre et à partir de laquelle elle peut agir.
  • Le NLG : Natural Language Generation, qui représente sa capacité à engendrer des phrases en langage naturel à partir de données structurées récupérées notamment à travers des bases de données (ou le processus de NLU).

A eux deux, le NLU et le NLG forment le Natural Language Processing ou NLP. C’est la qualité du NLP qui va donner son « intelligence » au bot. Cependant, la NLU, bien que de plus en plus performante ne l’est pas encore assez pour comprendre réellement le langage naturel, ce qui implique que pour comprendre l’utilisateur, le bot repose sur une base de données de questions et de réponses ou sur un arbre de décision presque entièrement paramétré par un humain.

 

2. « Nous voulons des chatbots apprenants »

Lorsque l’on parle de chatbot, beaucoup de clients s’attendent à ce que leur robot apprenne naturellement de ses échanges avec les utilisateurs à travers des fonctions de machine-learning. Mais est-ce souhaitable ?

Sans aller jusqu’au cas extrême de l’expérience Tay menée par Microsoft, au cours de laquelle un chatbot intégré au réseau social Twitter est devenu raciste et complotiste en l’espace de 24h, il est crucial pour un gestionnaire de chatbot de conserver le contrôle des réponses qui vont être données par l’agent aux utilisateurs afin d’en assurer la qualité.

Un chatbot qui apprendrait automatiquement de ses échanges en viendrait nécessairement à altérer les réponses initialement paramétrées dans sa base de données et donc à échapper au contrôle de ses créateurs. Néanmoins les éditeurs de solutions techniques proposent en général des outils permettant de proposer des améliorations de la compréhension de l’agent grâce aux échanges avec les utilisateurs, mais dont la mise en production reste à la main du gestionnaire.

3. « Le but d’un chatbot est d’apporter une réponse à l’utilisateur »

Si le but premier des chatbots est d’apporter une réponse rapide à la sollicitation d’un utilisateur, ce n’est pas son unique fonction. En effet, il y a beaucoup à apprendre des échanges entre l’agent conversationnel et ses utilisateurs.

Par exemple, une entreprise mettant en place un chatbot sur son site commercial pourra en analysant les conversations entre les visiteurs et son bot, apprendre beaucoup de chose sur le profil de ses clients, leurs attentes et leurs pains (sur le site, comme sur l’offre de l’entreprise). Ce bot pourra même récupérer un certain nombre d’informations de contact qualifiées pour l’entreprises comme des adresses mails.

Evidemment, les échanges des utilisateurs avec le bot, même non concluant, serviront ensuite à améliorer sa compréhension lors de la prochaine conversation.

 

4. « Les chatbots ne sont utiles que pour les clients »

Le succès des chatbots est en grande partie dû aux possibilités qu’ils offrent en termes de marketing et de communication – 92% des marketeurs pensent d’ailleurs qu’ils vont se généraliser dans leur domaine selon une étude de DoYouDreamUp. Mais ces programmes ont aussi un rôle à jouer à l’intérieur des entreprises. Les « chatbots internes » sont de plus en plus populaires au sein des grands groupes : Engie, La Société Générale, et bien d’autres ont déjà leurs initiatives.

A l’image des bots externes, leur objectif est d’apporter une réponse rapide et qualifiée aux collaborateurs et de fluidifier ainsi la recherche d’informations. Dans le domaine des ressources humaines par exemple, l’emploi d’un chatbot peut permettre de réduire de façon drastique les délais de réponses sur des questions administratives, légales, ou contractuelles. De même, un chatbot peut permettre d’assurer le premier niveau du support applicatif afin de décharger les services supports.

5. « Une fois lancés, les chatbots fonctionnent seuls »

Vous l’avez peut-être deviné au cours de cet article, les chatbots ne sont pas encore autonomes. Une fois un projet de chatbot déployé, le projet n’est pas terminé. Au lancement, l’agent conversationnel aura généralement une base de connaissances initiale pensée par les responsables du projet et des experts des sujets concernés, mais cette dernière est rarement suffisante pour assurer la pertinence du bot sur la durée.

Premièrement, cette base ne prend pas encore en compte les besoins réels des utilisateurs. Elle va devoir évoluer et se perfectionner à l’aide des interactions du bots et de ses utilisateurs. Pour cela les conversations devront être analysées et des ajustements apportés. Or comme nous l’avons dit précédemment, ces actions doivent être effectuées par un humain pour assurer la qualité des améliorations apportées.

Deuxièmement, les connaissances de l’entreprises évoluent, une démarche de chatbot est une vraie démarche de knowledge management, les connaissances doivent être maintenues à jour, certaines doivent être ajoutées et d’autres supprimées.

 

 

 

En conclusion…

Les chatbots ont encore du chemin à parcourir, mais la compréhension de ce qu’ils sont et de ce que leur déploiement implique aussi. Nous espérons que cet article vous aura permis d’y voir plus clair. Si vous souhaitez poursuivre la discussion sur vos projets chatbots avec nous, vous pouvez nous contacter à l’adresse mail gaelle.pommereau@saegus.com

Le sujet des chatbots est en pleine effervescence, selon Google Trends le volume de recherches associées a été multiplié par deux en 1 an, et selon le Hype Cycle for Emerging Technologies de Gartner, le sujet arrive tout juste dans sa phase “d’attentes exagérées”, tous les grands noms de la tech, de Facebook à Microsoft, se lancent dans une course à qui aura le plus de chatbots sur ses plateformes, mais pourquoi toutes ces attentes autour de ces agents conversationnels ?

 

 

3 raisons qui font grandir nos attentes

 

Certes, le “wahoo effect” a beaucoup joué dans la popularisation des chatbots, mais les raisons des attentes grandissantes sont plus profondes :

 

  • D’abord les progrès de l’intelligence artificielle impressionnent un peu plus chaque jour et elle se distille peu à peu dans notre quotidien. Nous en faisons par exemple l’expérience via les assistants virtuels de nos smartphones (demander à Siri ou autre d’ajouter des éléments à son agenda, d’envoyer un SMS), la robotique ou les algorithmes. Nous nous habituons à ces mécanismes et sommes donc de plus en plus exigeants vis à vis de ce que l’IA peut nous offrir.

 

  • Et puis, à l’heure des applications omniprésentes dans nos vies professionnelles et personnelles, force est de constater que celles-ci sont encore incroyablement cloisonnées et les interactions entre elles très limitées : nous passons nos journées à basculer d’une application à l’autre (avec toutes les frictions associées : mots de passe, temps de chargement, navigation entre une myriade de fenêtres…) et ce aussi bien sur nos smartphones que nos ordinateurs.

 

  • Surtout, parmi toutes ces applications, quelles sont celles qui sont centrales à nos devices, que nous ouvrons tous les jours, sur lesquelles nous passons souvent une bonne partie de notre journée, et surtout celles où notre attention est la plus forte ? Sur les applications messageries, que cela soit les SMS, Whatsapp, Skype, Teams ou Slack.

 

Alors forcément, la promesse d’agents intelligents capables de nous apporter la valeur d’autres applications au sein de celles que nous utilisons le plus (et avec le plus de plaisir) est alléchante.

 

 

Les chatbots : une expérience mitigée aujourd’hui

 

Oui mais voilà, les chatbots tels qu’ils nous sont présentés aujourd’hui présentent de fortes limites de par leur nature propre. Prenons un cas simple, présenté par Microsoft pour introduire leur plateforme de développement de bots : je souhaite commander une pizza via un chatbot.

Voilà comment cette interaction pourrait se dérouler.

 

Source :
http://dangrover.com/blog/2016/04/20/bots-wont-replace-apps.html

 

L’utilisateur a dû taper 73 fois sur son smartphone pour commander une pizza. Alors au-delà de l’effet wahou (qui durera 2 ou 3 utilisations), en quoi cette expérience est-elle meilleure qu’ouvrir une application disposant de la même intelligence de recommandation, au sein de laquelle ma commande m’aurait pris 3 ou 4 clics ?

 

On parle en plus d’ici d’une action très simple, si on applique cette logique au workplace, comment apporter la richesse fonctionnelle d’une application métier au sein d’une conversation ? Au-delà du défi technologique (que le chatbot puisse comprendre toutes mes demandes, quelles que soient la manière dont elles sont formulées), c’est un challenge en termes de design : la place offerte par une bulle de conversation est très limitée pour un grand nombre de fonctionnalités à apporter à l’utilisateur.

 

L’exemple des Smartwatch illustre cela, la taille de l’écran offre un vrai challenge pour offrir une expérience satisfaisante à l’utilisateur au sein d’une application. Après plusieurs tentatives, Google, Amazon ou encore eBay ont abandonné leurs applications sur l’AppleWatch. Pourquoi cela serait-il différent sur les chatbots ?

 

 

Les “cards”, une première réponse

 

Au sein du Workplace, Slack fut l’un des premiers à offrir un début de réponse en sortant des interfaces purement conversationnelles pour enrichir l’expérience autour de “cards”. Par exemple ci-dessous, l’exemple d’une carte Trello (application de gestion de projet) : elles permettent d’offrir un plus grand champ de fonctionnalités (ici l’ajout d’une deadline ou d’une personne à une tâche), tout en restant intégrées à la conversation.

 

 

Teams, le concurrent de Slack lancé par Microsoft, propose une approche différente avec l’intégration sous forme d’onglets d’applications tierces pour y accéder en un clic depuis la conversation. Slack travaille également actuellement sur l’intégration d’applications plus riches dans les conversations, le format que prendra cette intégration est encore inconnu.

 

Quoi qu’il en soit, ces solutions sont certes des avancées, mais encore insuffisantes et ne solutionnent pas tous les problèmes initialement confiés aux chatbots :

  • Soit – dans le cas de Slack – un chatbot, me permet d’effectuer certaines actions précises rapidement, mais sans pouvoir effectuer des tâches plus complexes : gérer des tâches est une chose, manipuler un CRM ou un plan de staffing en est une autre.
  • Soit – dans le cas de Teams – une application tierce m’est mise à disposition proche de la conversation, mais il ne s’agit qu’un raccourci de navigation, je décroche quand même de ma conversation, change d’environnement, navigue entre plusieurs onglets et fenêtres, doit éventuellement renseigner un mot de passe…

 

Alors certes, plus ces bots deviendront intelligents, plus les tâches seront automatiques et ne demanderont que quelques actions de validation à l’utilisateur. Néanmoins avec ces limites ne peut-on pas remettre en cause la place qu’auront les chatbots dans le workplace de demain ?

 

 

Le chatbot n’est qu’une des formes du workplace demain

 

Certes les chatbots présentent des limites que même les avancées technologiques ne pourront palier, ils ne pourront pas remplacer toutes nos applications, ils couvriront certains cas d’usages, d’autres plus complexes seront couverts différemment. Cependant, tout semble indiquer que nous allons continuer à échanger toujours plus au sein des applications de messaging et le vrai débat est en fait de savoir quelle sera la première méta-plateforme qui parviendra à offrir toute la valeur du workplace avec un accès unifié, sans couture, vers tous les services nécessaires.

 

Le meilleur exemple existe aujourd’hui dans la sphère personnelle sous la forme de WeChat. À la base une application de messagerie destinée au marché chinois, WeChat offre aujourd’hui pléthore de services à ses utilisateurs (réservation de billets de spectacles, paiement de factures, paiement mobile, commande de taxis, achats groupés…) sous la forme de chatbots, mais aussi de mini-apps intégrées. C’est en offrant cette plateforme de services sans coutures que l’application est devenue le centre névralgique du smartphone de 70% des internautes chinois.

 

Et vous les chatbots qu’en pensez-vous ? Qu’avez-vous testé dans votre entreprise ?

Si vous souhaitez poursuivre la conversation avec-nous, n’hésitez pas à contacter gaelle.pommereau@saegus.com 

 

Autres sources :
https://techcrunch.com/2015/09/29/forget-apps-now-the-bots-take-over/
https://slackhq.com/beyond-bots-bringing-software-into-workplace-conversations-3e9b28b22f73
http://www.marketing-chine.com/conseils-pour-reussir/statistiques-wechat