Pourquoi des Custom Viz ?

De manière usuelle, les utilisateurs métiers sont outillés par leur DSI avec des outils “groupe”, généralement sous licences et avec lesquelles ils doivent composer pour répondre à leurs besoins. Dans la plupart des cas, ces outils répondent à une majorité de cas d’usages et à 80% des besoins utilisateurs.

Cependant, il arrive fréquemment que ces outils soient trop limités ou ne peuvent simplement pas répondre à un besoin spécifique. Si cela concerne un processus métier essentiel, les directions IT recherchent alors des applications spécialisées construites pour ces usages. Malgré tout, certains processus sont tellement spécifiques (ou répondant à un nouvel usage), qu’aucun outil sur le marché ne peut y répondre totalement. 

Plusieurs cas sont alors rencontrés : 

  • Les utilisateurs “tordent” les outils qu’ils ont à leur disposition jusqu’à atteindre leurs derniers retranchements, ce qui rend l’exploitation et la maintenance du produit compliquée, voire dégrade les performances et donc in fine l’expérience utilisateur ;
  • Les utilisateurs combinent (quand cela s’avère possible) plusieurs outils pour arriver à leurs fins, ou décident de séparer différentes étapes de leur processus via différents outils. Cela peut complexifier le déroulement d’un processus, tout en apportant de la complexité technique.

Une solution alternative peut être de proposer des outils “custom” répondant au mieux aux besoins des utilisateurs, soit en développant des outils de bout en bout, soit en s’appuyant sur des solutions existantes sur le marché offrant des possibilités de personnalisation et de maintenance simplifiées. C’est dans ce contexte qu’intervient la notion de Custom Viz.

Quels en sont les principes ?

Si les coûts de licence sont généralement inexistants (framework open source), une Custom Viz engendre un coût plus élevé pour le développement, la maintenance et la gestion des évolutions ; le ROI réel est parfois difficilement mesurable. C’est souvent le frein majeur aux initiatives de ce type en parallèle de l’automatisation et l’industrialisation des processus qui tend à faire émerger des plateformes dédiées de data visualisation (type Power BI ou Tableau Software).

C’est également un défi technique car les blocs de construction de nos logiciels de visualisation de données sont généralement optimisés pour une forme ou l’autre. Il est donc important de s’appuyer sur une expertise combinée Data Viz et Technique afin de créer des composants permettant de répondre de manière pertinente et performante aux besoins, tout en s’assurant de sa maintenabilité dans le temps.

Il est en premier lieu important de challenger ce postulat (complexe, couteux, spécifique) et aussi de mettre en perspective ce qu’implique et signifie une Custom Viz.  

La définition standard est qu’une Custom Viz est développée dès lors qu’un outil du marché ne peut répondre à un besoin de visualisation demandé par un utilisateur métier. En l’état actuel des choses, la visualisation de données personnalisée est le plus souvent décrite comme tout ce que vous ne pouvez pas faire avec un outil standard, et si cette définition a l’avantage d’être techniquement précise et simple, elle n’est pas représentative.

En effet même si elle est personnalisée, une Custom Viz n’est pas forcément complexe. De multiples représentations sont déjà existantes ou sont des combinaisons de représentations communément utilisées.  

La personnalisation entre en jeu uniquement parce que l’on souhaite déployer une petite fonctionnalité qui n’est pas nativement présente et peut amener une vraie plus-value business.

On peut ainsi représenter 3 grandes catégories de Custom Viz :

  • Personnalisée ;
  • Combinatoire ;
  • Néo-Visualizations.

Ces catégories ne sont pas exhaustives mais permettent globalement de regrouper l’ensemble des cas d’usages des différents types de Custom Viz. 

Il faut néanmoins rappeler le but d’une visualisation : permettre de mettre en lumière une information pertinente – identifier des problèmes, aider à la prise de décision, faire apparaître des interactions… La mise en place de ces visualisations permet de dégager un ROI qui peut être mesuré de différentes manières. La première et la plus simple à appréhender consiste à se demander quels seraient les préjudices à ne pas faire (impact sur les prises de décisions, coûts).

La catégorie personnalisée regroupe des visualisations de données préexistantes auxquelles on rajoute certaines fonctionnalités ou éléments graphiques supplémentaires pour un cas d’usage particulier. Cette catégorie peut sembler simple avec l’ajout de nouvelles fonctions à une visualisation données, mais il est malgré tout nécessaire dans la plupart des cas de recréer l’ensemble de la visualisation pour une intégration parfaite des nouvelles fonctionnalités et une optimisation du rendu graphique.

À titre d’exemple, un histogramme peut très bien être redéveloppé au sein d’une application web, utilisant les librairies D3.js, Highcharts… simplement pour permettre une interaction métier avec le reste des fonctionnalités proposées dans l’application. Ainsi, nous pouvons imaginer qu’un clic sur une barre de l’histogramme ouvre un panneau de détail dans l’application afin de faire apparaître des informations détaillées sur la série en question.

La catégorie combinatoire est celle la plus usuelle en termes de customisation, car elle est plus facile à mettre en œuvre. Il s’agit dans ce cas de prendre plusieurs techniques de visualisation de données et de les intégrer en une seule et même visualisation. Une forme de visualisation combinatoire courante est la transition graphique de données affichées sous des formes différentes permettant de donner une lecture différente de l’information exposée, comme afficher des données sur une carte puis les transformer en graphiques à bulles. L’exemple ci-après illustre l’association de plusieurs types de représentations permettant d’analyser en un coup d’œil différents niveaux de granularités d’une même information. La combinaison de différentes visualisations peut être impactante en termes de story-telling, mais nécessite souvent un investissement important en termes de conception pour ne pas tomber dans l’excès et être contre-productif : la nouvelle visualisation doit aider à la compréhension de l’information.

La catégorie des néo-visualisations est la plus facile à appréhender, car elle regroupe la création de visuels de bout en bout à destination d’un usage particulier précis et le plus souvent spécifique. Elle est issue d’un besoin ad-hoc pour délivrer une visualisation impactante ou faciliter la prise de décision rapide. Les néo-visualizations prennent également en compte toutes les visualisations que nous pouvons retrouver dans l’infographie de manière générale. Si certaines peuvent être farfelues, d’autres ont le mérite d’être facilement lisible par n’importe quel profane tout en aidant le lecteur à la compréhension des informations qu’elle tente de présenter (peut être les prémices du data story telling ?).

Ces visualisations sont moins souvent présentes dans les outils traditionnels d’explorations et de présentation de données, voire inexistantes, ce qui peut sembler normal. Sans tomber dans l’extrême, certains processus métiers nécessitent l’implémentation spécifique de ce type de visualisations pour permettre une appréhension optimale des informations à présenter.  

La catégorie regroupe l’ensemble des créations sur mesure mais qui peut parfois être généralisée, réutilisée ou dérivée pour être finalement intégrée à d’autres applications ou usages similaires. 

C’est aussi de manière commune le cheminement de la création graphique, toute visualisation de données ayant été créée pour un usage particulier à un moment donné. 

On observe également un usage de plus en plus courant d’outils permettant une plus grande souplesse d’utilisation et d’ajout de visuels personnalisés. 

La séparation entre ces catégories permet de d’éclairer l’usage de Custom Viz et permettre une meilleure catégorisation et choix d’utilisation.  

Fournir aux métiers les outils d’analyse dont ils ont vraiment besoin

Les données de l’entreprise n’ont jamais eu autant de valeur ni jamais été aussi nombreuses et hétérogènes. Plus il y a de données, plus de valeur peut en être tirée et ainsi, faire émerger de nouveaux besoins métiers ou faire évoluer ceux déjà existants.  

Le plus souvent le traitement de ces données est assuré par les équipes BI de l’entreprise, permettant de faire ressortir certains KPI et fournir aux différentes directions métier les données et indicateurs leur permettant de prendre des décisions ou actions pertinentes.  

Aujourd’hui, les utilisateurs métier demandent de plus en plus d’autonomie pour appliquer/réaliser leurs propres analyses et présenter la valeur la plus désirable ou nécessaire pour répondre à leurs enjeux opérationnels et business. Dans le même temps, certains processus métier se sont complexifiés, spécialisés, expertisés, jusqu’au moment où les outils d’analyse traditionnels ou disponibles sur le marché, ne suffisent plus ce qui rend possible et presque inévitable, l’essor de ces Custom Viz et explique ce besoin croissant de spécialisation des reportings.  

Nous ne traiterons pas en profondeur la notion de coûts directs et indirects de la mise en place d’une solution incorporant des Custom Viz, mais sachez simplement qu’un arbitrage est souvent nécessaire entre développer une nouvelle visualisation au sein d’un outil existant le permettant ou développer une solution “crafted”. Les pivots de décisions sont souvent les mêmes selon les besoins métiers, mais voici d’ores et déjà quelques questions que vous pouvez vous poser si vous êtes confronté à ce type problématique :

  • Ai-je un outil supporté par un éditeur de renom, dont je paye déjà une licence qui pourrait intégrer mon besoin en termes de visualisation de données ? Si oui, ai-je les compétences au sein de mon entreprise pour réaliser ces développements ? L’éditeur propose-t-il une solution d’accompagnement (ou de réalisation) le cas échéant ? 
  • Est-ce que ce nouveau graphique s’ancre pour un besoin particulier ou sera-t-il amené à couvrir un scope plus large qu’actuellement ? Nécessitera-t-il d’une maintenance évolutive ?
  • Le besoin exprimé par le métier peut-il être amené à évoluer ? N’y-a-t-il pas intérêt à proposer une application dédiée pour ce besoin ? Y-a-t-il des chances pour que des interactions existent (un jour ?) entre le graphique et le reste du process métier ?
  • Ce besoin s’appuie-t-il sur un seul point de contact dans le processus métier ou est-ce un besoin flottant qui mériterait d’être approfondi et détaillé pour valider une solution technique plutôt qu’une autre ?

Ces questions ne sont pas exhaustives mais permettent de se faire une idée du type de solutions que vous pourriez proposer à vos utilisateurs métiers, et de fait, en déduire un coût de réalisation associé. 

En complément, nous recommandons fortement de mettre en place une équipe dédiée, pluridisciplinaire en mesure de répondre à ces besoins, aussi bien d’un point de vue technique (implémentation / développement), design (matérialisation des usages, hiérarchisation de l’informations et conception des interactions) que story-telling (expertise data-visualisation)  

La mise en place d’un tel dispositif, de type “centre d’excellence”, peut être un coût lors de sa création mais garanti un ROI à moyen et long terme, au vu des besoins de spécialisation de plus en plus répandus au sein des entreprises. Son but sera de mettre en place un ensemble de process et frameworks permettant d’agiliser la chaîne en s’appuyant sur une nouvelle typologie de profil : le “Data Viz Engineer” qui combine les aspects du triptyque “technique/design/story-telling”. 

Dans un prochain article, nous vous présenterons des exemples concrets et des illustrations des différentes catégories de Custom Viz ainsi que des aspects allant au-delà des problématiques d’analyses notamment des problématiques d’accessibilité qui font des Custom Viz un sujet de plus en plus important chez nos clients.

Vous souhaitez être accompagnés sur ce sujet par nos équipes Data ? Contactez-nous !

Rédigé par Julien Ayral, Senior Manager Data, et Sébastien Perrot, Manager Factory

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